Quand l’équipe canadienne masculine se présentera sur le terrain à l’occasion de son premier match de la ronde demi-finale de la Ligue mondiale de la FIH 2017 à Londres vendredi, le milieu de terrain John Smythe en sera à sa 50e rencontre internationale en carrière.
Au rang des exploits qu’on peut réaliser au hockey sur gazon, le cap des 50 sélections s’avère une étape marquante. Dans le cas de Smythe, ce jalon est d’autant plus impressionnant qu’il n’y a pas si longtemps, il y a eu un moment où Smythe croyait qu’il ne disputerait même pas un seul match dans la catégorie senior.
Si sa carrière dans le hockey était à ce point incertaine, c’est parce que son état de santé était incertain.
Au beau milieu de son parcours dans la catégorie junior, Smythe a reçu un diagnostic de colite ulcéreuse (CU), une maladie qui provoque une inflammation ainsi que des ulcères au côlon et qui est souvent accompagnée de graves douleurs abdominales ainsi que d’une perte de poids. Cette maladie fait en sorte qu’il est à toutes fins utiles impossible de jouer au hockey.
La maladie, dans le pire des cas, peut s’avérer mortelle.
« Si tu étais mon fils, je te dirais de subir la chirurgie, parce que tu es en train de littéralement saigner à mort en ce moment », lui ont dit les membres de son équipe de médecins en 2007.
« Ils m’ont dit qu’ils allaient probablement enlever 95 % de mon côlon et que je serais ‘en quelque sorte’ guéri », rappelle Smythe à propos de la première phase de ses traitements. « En gros, si tu n’as pas de côlon, tu ne peux pas avoir de colite ulcéreuse. »
Bien qu’il fût rassuré par le fait que sa CU était guérie depuis octobre 2007 puisqu’on lui avait enlevé son côlon, sa bataille contre la maladie inflammatoire de l’intestin (MII) était loin d’être terminée.
« J’ai continué d’avoir des problèmes durant les deux ou trois années qui ont suivi et ils ont décidé qu’il s’agissait probablement de la maladie de Crohn, et ils ont fini par poser un diagnostic de maladie de Crohn », indique-t-il.
La maladie de Crohn est une MII qui peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif à partir de la bouche.
Les symptômes sont semblables à ceux de l’UC. Pour Smythe, cela signifiait aussi qu’il devait interrompre sa carrière internationale – et peut-être y mettre fin à jamais – avant même qu’elle commence.
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Mais grâce au travail sans relâche de ses médecins et à sa propre détermination, inspiré aussi par son frère Iain – qui joue également pour l’équipe nationale masculine – et avec l’aide d’un entraîneur provincial qui lui a tendu la main, Smythe est arrivé à contrôler sa maladie et à recommencer à jouer au hockey.
« Un jour, Kinder (Gill), qui travaillait pour l’Association de hockey sur gazon de la Colombie-Britannique (FHBC), m’a appelé et il m’a demandé si je voulais participer à une séance d’essai », explique-t-il. « Je lui ai répondu que je n’avais rien à perdre, alors aussi bien tenter ma chance. »
Et en 2013, six ans après le diagnostic, Smythe a fait ses débuts avec l’équipe nationale senior au Chili.
Bien que sa vie d’athlète soit loin d’être normale — « Je ne peux rien manger avant les entraînements en matinée, alors je n’ai pas beaucoup d’énergie dans laquelle puiser. Parce que nous nous entraînons aussi tôt dans la journée, je me retrouverais à digérer ma nourriture alors que j’étais en plein milieu de la séance d’entraînement. » –, il a appris à composer avec la situation.
La prise de médicaments a aidé, et même s’il a vécu certaines mésaventures comme celle du mois de mars dernier à l’occasion du tournoi de LM2 disputé à Trinité-et-Tobago, moment où selon Smythe son système en a « pris un coup » et où il « vomissait pratiquement avant chaque match », il est présentement dans la meilleure forme de sa vie, comme en fait foi la décision de le retenir au sein de la formation canadienne qui participera à la LM3.
« Je ne vois plus ça comme un fardeau, dit-il. Ça fait partie de moi, c’est qui je suis. »
Alors qu’il s’apprête à représenter le Canada pour la 50e fois, il offre quelques sages conseils aux athlètes qui vivent la même situation et qui ne croient pas avoir d’avenir dans le sport.
« Si vous aimez quelque chose à ce point – comme j’aime le hockey sur gazon –, continuez à jouer. Même si c’est juste pour le plaisir. Tu ne sais jamais quand tu vas arrêter d’avoir des crises aiguës, que la maladie va commencer à être stable grâce à ton régime alimentaire et à la médication… et que tu vas finir par te retrouver en position d’aspirer à une place au sein de l’équipe nationale. Alors continuez à faire ce que vous aimez, et ça va finir par mieux aller. »
Smythe et l’équipe canadienne masculine de hockey sur gazon affronteront le Pakistan en LM3 le vendredi 16 juin.
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Un mot de remerciement de la part de John Smythe:
« Je voulais dire que je suis incroyablement béni d’avoir autant de gens qui me soutiennent. Je ne serais même pas venu près d’être au stade où j’en suis aujourd’hui sans le soutien de mes amis, de ma famille, de mes entraîneurs, de mes coéquipiers et d’une équipe médicale formidable. Plus précisément, ma talentueuse équipe de chirurgiens menée par le Dr Terry Phang, et mon incroyable gastroentérologue Dr Robert Enns, qui trouve sans cesse des solutions pour que je puisse voir mes rêves devenir réalité. Et en dernier lieu, je dois dire mille mercis aux gens qui me soutiennent le plus: mes parents. Mes parents ont été incroyablement attentionnés, ils m’ont soutenu dans les pires moments et sans eux, je n’aurais peut-être pas rebondi et progressé à ce point. Je peux vraiment dire que je n’en serais pas à ma 50e sélection sans leur amour et leur soutien. »