Jagpreet Singh s’est d’abord aligné avec la formation U-14 d’Équipe Ontario quand il avait 10 ans et, malgré le fait que son équipe ait subi la défaite à chacun de ses matchs des championnats nationaux cette année-là, il est devenu accro. Maintenant, l’athlète de 20 ans originaire de Mississauga, en Ontario, fait partie du programme NextGEN, d’envergure nationale, et il est admissible à une sélection au sein de l’équipe nationale junior qui disputera les prochains Championnats panaméricains juniors.
Singh, qui fait partie du programme NextGEN depuis quelques années déjà, affirme qu’il y a eu des hauts et des bas dans la structure et le milieu d’entraînement qu’on retrouve en Ontario, là où il a grandi. Puisque le programme de l’équipe nationale est centralisé en Colombie-Britannique, le sentiment que celui-ci était avant tout l’affaire de la côte Ouest était bien ancré. Il estime toutefois que le nouveau programme de mentorat, lancé le mois dernier, représente un pas dans la bonne direction dans le cadre des efforts pour tisser des liens entre les programme nationaux qu’on retrouve un peu partout au pays.
« L’atmosphère dans son ensemble est formidable. Il y a des gens qui te donnent des commentaires et qui t’offrent un bon soutien, c’est qui est vraiment motivant, a indiqué Singh. Et on m’a regroupé avec d’autres jeunes [NextGEN] qui proviennent de la Colombie-Britannique et du Québec. Je suis même allé en tournée avec quelques-uns de ces joueurs-là, alors je suis à l’aise quand je suis en leur compagnie. Nous discutons en ligne durant des périodes de 30-40 minutes, ce n’est pas tellement long et ça me motive. »
Le personnel d’entraîneurs du programme NextGEN a jumelé 41 athlètes d’âge junior à des meneurs de l’équipe nationale masculine. Les groupes se parlent dans le cadre d’appels vidéo hebdomadaires, durant lesquels les jeunes joueurs peuvent poser des questions et entendre les vétérans leur raconter des anecdotes. Le programme de mentorat NextGEN est une idée d’Inderpal Sehmbi, un entraîneur de l’équipe nationale junior qui est installé à Vancouver.
« Je réfléchissais à ce que j’ai vécu en tant que joueur de hockey sur gazon au Canada quand j’étais plus jeune, et j’ai réalisé que j’avais eu la chance d’être proche des joueurs de l’équipe nationale sénior masculin, a indiqué Sehmbi. Et quand je me suis mis à poser des questions à différentes personnes, j’ai constaté que pratiquement tous les joueurs de l’équipe nationale masculine actuelle avaient été influencés d’une manière ou l’autre par d’anciens joueurs de l’équipe nationale. »
Le programme a pris son envol dans les dernières semaines, alors qu’il est en quelque sorte venu remplacer l’entraînement sur le terrain. Au moment où on voit le pays composer avec différentes phases pour le « Retour au jeu », personne ne sait vraiment à quel moment le sport retournera à la normale. Selon Singh, le temps passé à la maison lui a permis de réfléchir en profondeur à ce qu’il ambitionne de faire au hockey.
« Bien honnêtement, durant le confinement, je me demandais s’il valait la peine de rester dans le programme ou non. Mais après avoir discuté avec [mon mentor] Scott Tupper et avoir écouté ses histoires sur les Jeux olympiques, la Coupe du monde, les Jeux du Commonwealth… ça m’a motivé à rester et à continuer de travailler. »
Étant donné que le hockey sur gazon n’a pas autant de visibilité dans les médias canadiens que d’autres sports mieux établis, la seule façon de voir les meilleurs joueurs au pays, c’est d’aller voir les matchs de son club local ou de regarder les matchs internationaux qui sont webdiffusés à l’occasion. La mise en œuvre du programme de mentorat fait en sorte que Sehmbi peut maintenant espérer que des liens se tissent entre les jeunes athlètes et les modèles que les joueurs de l’équipe nationale sénior représentent pour la communauté.
« Étant donné que notre sport a un statut modeste au Canada et que la couverture des médias est relativement peu étendue, la plupart des interactions se font en personne, a-t-il noté. Et nous faisons de notre mieux pour que cette facilité d’accès représente une véritable force. »
Durant ses recherches et sa réflexion, Sehmbia fini par comprendre que pas tous les clubs et pas toutes les régions peuvent profiter d’un tel accès avec les athlètes de niveau élite.
« Prenez le Québec par exemple, ouBrampton, a noté Sehmbi. La ville de Brampton n’a probablement pas eu la visite d’un joueur de l’équipe nationale masculine depuis plus de 10 ans. Nous avons tous ces modèles pour la communauté, nous voulons qu’ils tissent des liens avec la prochaine génération de joueurs de l’équipe nationale. »
Zack Coombs est un gardien de but de 19 ans qui fait partie du système NextGEN canadien. Il vit à Chelsea, au Québec, où on retrouve une toute petite mais très fervente communauté de hockey sur gazon, qui regroupe huit athlètes NextGEN. Depuis que le confinement a commencé en mars, Coombs a tenté de faire preuve de créativité dans le cadre de son programme d’entraînement et de développement, et il a continué de suivre la programmation NextGEN à fond. Il estime que le nouveau programme de mentorat représente un ajout rafraîchissant et motivant.
« Ç’a été une expérience vraiment gratifiante pour nous. Nous en sommes au début de nos carrières et ç’a été vraiment plaisant de pouvoir compter sur les conseils et les connaissances des [athlètes séniors] que nous avons, a affirmé Coombs. Nous avons parlé de stratégie et de la façon dont il faut l’appliquer dans un contexte de match. Nous avons regardé de la vidéo ensemble. Toutes ces petites choses-là finissent par s’additionner et par avoir un impact sur le portrait d’ensemble. »
Matt Sarmento, un joueur de l’équipe nationale masculine, est un des mentors qui s’impliquent dans le programme. Selon lui, son rôle consiste surtout à être présent auprès des joueurs NextGEN, à répondre à leurs questions et à les aider à mieux naviguer au travers les ateliers et les séances d’entraînement.
« J’ai cinq jeunes avec qui je travaille depuis quelques semaines. Si je ne fais que rendre quelque chose 10 pour cent plus claire ou si je dis quelque chose qui encourage l’un d’eux, déjà, ça en vaut la peine à mes yeux. Qui sait ; certains d’entre eux pourraient devenir mes coéquipiers un jour. »
Le parcours de Sarmento vers l’équipe nationale n’a pas consisté en des années et des années à jouer au hockey sur gazon dans les rangs juniors ; en fait, il a surtout joué au hockey sur glace avant de faire le passage à sa discipline actuelle, quand il avait 20 ans. Il a ensuite emprunté la voie rapide vers l’équipe nationale masculine. Selon Sarmento, son cheminement unique en son genre permet de réaliser qu’il y a différentes manières d’accéder au sommet.
« Je n’ai pas été élevé dans le milieu du hockey sur gazon comme bon nombre d’autres joueurs, a-t-il noté. Mais quand j’ai accédé à l’équipe en 2013, je me suis retrouvé entouré de modèles et de vétérans qui avaient disputé des Coupes du monde et des Jeux olympiques. Je pense donc que c’est une bonne idée que les jeunes puissent avoir quelqu’un à qui parler, avec qui ils peuvent réfléchir à voix haute, pour obtenir la réaction d’une personne qui a déjà vécu ça. »
Sarmento a par ailleurs fait remarquer que le programme de mentorat s’avère aussi une belle occasion pour amener les mentors à réfléchir eux aussi sur leur propre cheminement.
La communauté du sport dans le monde a été privée de ses surfaces de jeu et de ses installations ces derniers mois. Dans ce contexte de confinement social et sportif, le programme a repris il y a un peu plus d’un mois et, selon Sehmbi, la réaction des participants a été remarquable jusqu’ici.
« Les jeunes sont comme des éponges. Ils veulent apprendre, les anecdotes des athlètes plus âgés les intéressent tout particulièrement, a indiqué Sehmbi. L’idée derrière ce programme, c’est que ça se fasse de façon continue. Même quand nous retournerons sur le terrain, ces gars-là vont déjà avoir tissé des liens avec les plus vieux et ils vont savoir qu’ils pourront compter sur eux pour encore très longtemps. »
Malgré l’incertitude qui règne en raison de la pandémie et de l’impact que celle-ci a sur les compétitions de hockey, le programme NextGEN a permis d’établir une cible claire et un bon niveau de motivation à l’approche des Championnats panaméricains juniors, qui doivent avoir lieu au mois d’avril au Chili. Si l’équipe y connaît du succès, elle se qualifiera pour la Coupe du monde juniors qu’on prévoit disputer à la fin de l’année 2021 en Inde.