par Ali Baggott, pour Hockey sur gazon Canada
WEST VANCOUVER – Il ne restait plus de temps au cadran et les Canadiens avaient déjà commencé à baisser la tête. À l’occasion d’un dramatique coup de chance, une décision de consulter la reprise vidéo a tourné en faveur de l’équipe locale, alors qu’on lui a décerné un tir de penalty – ravivant du même coup les espoirs du Canada d’accéder aux Jeux olympiques. Le but du capitaine Scott Tupper du point de penalty a créé l’égalité 6-6 au total des buts dans la série et provoqué la tenue d’une fusillade. Le calme affiché par Adam Froese lorsqu’il s’est ensuite présenté pour la deuxième ronde supplémentaire des tirs au but a permis au Canada de l’emporter et de se qualifier pour les JO de Tokyo.
« Ç‘a été un effort remarquable de la part des gars aujourd’hui, et ça s’est décidé par la plus mince – je veux dire, vraiment la plus mince ! – des marges, mais c’est une sensation formidable, a déclaré Froese. Félicitations à nos deux gardiens parce qu’ils ont tous deux joué un rôle très important aujourd’hui, ç’a eu un impact énorme. Wow, on a encore réussi. »
La victoire de 5-4 en fusillade, dimanche, s’est avéréeen quelque sorte une copie conforme de la qualification olympique du Canada en 2015 à l’occasion des quarts de finale de la Ronde 3 de la Ligue mondiale contre la Nouvelle-Zélande. L’égalité créée tardivement, en arrière 3-1 en fusillade, des tirs au but supplémentaires – et donc à mort subite –, David Carter qui réalise des arrêts importants devant le filet du Canada et Froese qui enfile le but vainqueur ; voilà des moments en tous points identiques au parcours olympique qui a mené les Canadiens vers les Jeux de 2016.
« Ce groupe de joueurs est incroyable et c’était doublement important pour nous d’aller chercher la qualification en raison de l’héritage laissé par les anciens, qui étaient là autour du terrain aujourd’hui, et pour les jeunes enfants qui étaient là aussi, afin qu’ils puissent voir notre sport en vedette aux Jeux, a déclaré l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne Paul Bundy. Cette équipe-là m’a donné tellement de cheveux gris, mais je n’avais aucun doute que nous allions beaucoup mieux jouer aujourd’hui, et c’est ce que nous avons fait. Nous avons bien mis le plan de match en pratique et nous nous sommes retrouvés en fusillade, et nous savions que David est formidable en situation de fusillade. Ce rêve et cette vision que nous avions il y a quatre ans va donc se poursuivre. »
C‘est seulement la deuxième fois dans l’histoire du hockey sur gazon canadien que l’équipe masculine se qualifie pour des Jeux olympiques consécutifs, ayant réalisé l’exploit pour la première fois en 1980 et 1984. Des vétérans comme Scott Tupper et Mark Pearson pourraient en être à leurs troisièmes Jeux (Pearson s’est blessé en finale des Jeux panaméricains et il n’a pas pu prendre part aux matchs de qualification de ce week-end).
Le Canada n’a eu besoin que de trois minutes pour obtenir un coup de coin de penalty. C’est en maniant la balle du bâton de façon fort habile que James Kirkpatrick a provoqué le tout, mais le tir de Tupper a été repoussé par un David Fitzgerald très alerte devant le filet de l’Irlande. À l’autre bout du terrain, l’Irlandais Tim Cross a foncé à l’aile droite et a calmement relayé la balle à un Sean Murray fin libre. Le tir sur réception de ce dernier semblait destiné à aboutir dans le filet, mais Antoni Kindler a trouvé le moyen de se déplacer assez rapidement pour réaliser l’arrêt.
Malgré le bon début de match du Canada, c’est l’Irlande qui a réussi à accroître son avance au total des buts alors qu’une balle remise du côté gauche du terrain a permis à McKee de profiter d’un grand espace de jeu. McKee a cherché à faire une passe vers le deuxième poteau en arrivant dans le cercle, mais son tir balayé a ricoché sur l’orteil gauche de Kindler et donné à l’Irlande une avance de 1-0 – et de trois filets au total des buts.
Mais les Canadiens n’ont pas paru ébranlés alors qu’une séquence à l’attaque de qualité a pris naissance à l’arrière quand un jeu de Johnston à Sukhi Panesar a mené à une balle libre au profit d’Oliver Scholfield. Scholfield a bifurqué vers le cercle et ainsi provoqué une faute qui amené à un autre coup de coin de penalty du Canada. Le tir de Tupper a de nouveau été repoussé.
Une analyse vidéo dont la conclusion a favorisé le Canada a permis à l’équipe locale de profiter de deux occasions de coup de coin de penalty avant la mi-temps, mais les Canadiens n’ont pas réussi à battre Fitzgerald, si bien que l’Irlande menait toujours 1-0 après les 15 premières minutes de jeu.
Au deuxième quart, le Canada a profité d’une autre analyse vidéo pour revenir au sommet du cercle. Cette fois, Johnston a décoché un tir bas du côté du bâton, créant l’égalité 1-1 et faisant exploser de joie la foule qui remplissait les gradins à pleine capacité.
Le Canada a eu plusieurs autres occasions de but à l’attaque, notamment à l’aide de deux autres coups de coin de penalty, mais la défensive irlandaise a été avare et l’égalité a persisté à la pause de la mi-temps.
La touche sans effort de Scholfielddans un cercle fort achalandé a donné les devants 2-1 au Canada après le travail acharné de Johnston, qui a fait plier le côté gauche de la défensive irlandaise.
Au moment où il restait trois minutes à faire, le Canada a rappelé Kindler au banc pour jouer à 11 joueurs et attaquer sans réserve. Ce n’est qu’à la toute dernière seconde de jeu de la rencontreque le cours du match a changé. La foule a été réduite au silence et les joueurs irlandais avaient déjà commencé à célébrer quand une collision à la ligne de touche irlandaise avec l’attaquant canadien Jamie Wallace a incité le Canada à tenter sa chance une dernière fois.
On s’en est remis à l’analyse de la reprise vidéo et heureusement pour les Canadiens, ceux-ci avaient été deux-en-deux en demandes d’analyse de vidéo durant le match. Les Canadiens et leurs partisans espéraient alors obtenir à tout le moins une occasion de coup de coin de penalty quand l’arbitre à la vidéo Diego Barbas a été entendu partout dans le stade, à l’effet qu’il accordait un tir de penalty.
Le capitaine Tupper n’a pas hésité, y allant d’un solide tir bas qui a battu le gardien irlandais Fitzgerald et médusé le banc de l’Irlande.
En fusillade, le Canada s’est retrouvé en territoire bien familier. Johnston, Wallace et Froese ont marqué dans les tirs au but, tandis que David Carter s’est amené du banc et a réalisé des arrêts étincelants aux dépens des Irlandais Michael Robson et Shane O’Donoghue.
« J’avais pas mal confiance en mes gars et leurs capacités, a dit Tupper des moments qui ont précédé la fusillade. Nous savons tous que Dave (Carter) est un gardien de classe mondiale en fusillade. Je pense que nous avons une fiche de 7-0 en fusillade à l’échelle internationale, donc notre niveau de confiance est élevé. Nous savions que si nous parvenions à nous rendre jusque-là, nos chances seraient alors excellentes ; les gars ont fait leur travail et ç’a été formidable de voir ça. »
John McKee n’a pas été en mesure de décocher le dernier tir de l’Irlande alors que la balle est restée prise et a frappé son pied, préparant la table pour que Froese puisse faire ce qu’il avait fait il y a quatre ans. Calme et détendu, et en utilisant pratiquement chacune des huit secondes qui lui était accordées, Froese a concrétisé tout le travail que le Canada avait fait dans le but de se qualifier pour les Jeux olympiques Tokyo 2020.
«J’adore mes deux gardiens, a ajouté Bundy en parlant deKindler etCarter. C’est la chose la plus difficile à faire quand tu dois choisir entre deux personnes formidables et deux gardiens incroyables, et aujourd’hui, nous avons pris les bonnes décisions. Ils ont tous les deux été remarquables. »
Joueur du match : Gordie Johnston
Score du match 1 : Canada 3, Irlande 5 (Gordie Johnston 1, Keegan Pereira 2)
Scoredu match 2 : Canada 3, Irlande 1 (Oliver Scholfield 1, Gordie Johnston 1)
Scoreau total des deux matchs : Canada 6, Irlande 6 (fusillade5-4) (Gordie Johnston 2, Adam Froese 2, Jamie Wallace 1)
Arbitres : Gareth Greenfield (NZL), Ben Goentgen (ALL)
Arbitre vidéo : Diego Barbas (ARG)