Crédit photo: Blair Shier
Les athlètes professionnels sont les premiers à savoir à quel point il faut du dévouement et de la détermination pour jouer et compétitionner aux plus hauts niveaux du sport. Les échecs et les défis rencontrés en cours de route sont quasi inévitables, mais on peut dire sans crainte de se tromper que personne n’aurait pu prévoir la menace qu’allait représenter la COVID-19 et ce qui allait suivre, c’est-à-dire la déclaration du 11 mars 2020 qu’il s’agissait d’une pandémie.
Dans les jours qui ont suivi, le jeu dans les ligues de hockey européennes a été interrompu et sans doute annulé pour le reste de la saison. D’autres ligues comme la LNH et le baseball majeur ont suivi et le sport en direct, comme le reste du monde, a été mis sur pause. ‘Frénésie’ est sans doute un des mots qu’on peut utiliser pour décrire ce qui s’est passé quand tout s’est mis à devenir incontrôlable, mais comme on le constate à l’heure actuelle, ce n’est pas facile de recoller les morceaux.
Alors que l’expression « Retour au jeu » est lancée ici et là au moment où le sport reprend et que des nouvelles directives sont mises en pratique, il est encore difficile de dire à quoi ressemblera la nouvelle normalité. Ça signale toutefois le retour d’une chose : l’espoir.
LE RETOUR SUR LE TERRAIN SIGNALE LE DÉBUT DU PARCOURS VERS TERRASSA ET AMSTELVEEN EN 2022 POUR L’ENF
Au mois de mars, Shanlee Johnston et les autres joueuses de l’équipe nationale féminine ont pris des vols pour quitter la Belgique, là où elles s’entraînaient à ce moment-là. L’anxiété était au rendez-vous alors que plusieurs d’entre elles songeaient aux mois à venir et à comment elles allaient faire pour garder l’erre d’aller qu’elles avaient gagnée depuis un an. À l’aide de séances d’entraînements virtuelles et de programmes de conditionnement physique et de musculation, l’équipe a fait de son mieux pour rester connectée tout en étant éparpillée un peu partout.
Après quatre mois de ce qui a semblé être une attente interminable, l’entraînement a repris mais non sans qu’on doive apporter de nombreux changements.
« La plus grande différence pour nous, c’est de ne pas pouvoir faire du jeu compétitif, a noté Johnston. Une des grandes caractéristiques de 2019, c’est que nous avons simplement joué des matchs, nous avions eu droit à toutes sortes de compétitions. Quand nous avons enfin repris l’entraînement cette année, rien de cela n’était permis – c’était tout sans contact. »
Seules celles qui vivent à Vancouver s’entraînent ensemble tandis que les joueuses de Victoria ou de différentes villes en Ontario suivent les directives provinciales et s’entraînent dans leurs milieux respectifs, ce qui a représenté tout un défi pour l’équipe étant donné les contraintes en matière de déplacements. Kaitlyn Williams, qui est restée occupée en s’adonnant à des séances d’entraînement à la maison et en allant courir dehors, est tout simplement reconnaissante d’être de retour sur le terrain.
« C’est sûr que ce n’était pas le contexte d’entraînement normal auquel nous étions habituées… Il fallait que les groupes restent petits et il fallait respecter la distanciation de deux mètres durant les entraînements, a décrit Williams. Le plus difficile dans le contexte actuel, c’est l’incertitude, alors retourner au jeu signifie que je peux enfin retourner à ce que j’adore faire et ça fait en sorte que la vie prend une allure un peu plus normale. »
Après avoir raté de peu leur qualification aux Jeux olympiques en novembre dernier, les Canadiennes ont tourné leur attention vers la Coupe du monde de hockey de la FIH 2022. Les attentes plus élevées à leur endroit et l’embauche du nouvel entraîneur-chef Andrew Wilson font en sorte qu’elles ont hâte de passer à la compétition afin d’atteindre un niveau de jeu supérieur.
« Nous voulons toutes nous qualifier pour la Coupe du monde à tout prix, a dit Johnston. Toutes les décisions que nous prenons en ce moment, toute notre motivationy trouve sa source. Nous ne sommes pas ici juste pour disputer des matchs entre amies et ajouter des sélections à notre fiche. Il s’agit de se préparer pour 2022 et ce qui va suivre. »
OBJECTIF JO: L’ENM SE CONCENTRE SUR TOKYO 2020 ET FONCE À TOUTE VAPEUR
Le directeur du programme NextGEN masculin Hugh Purvis se souvient de sa dernière séance d’entraînement avant que tout commence à fermer au Canada. David Carter, Mark Pearson et lui étaient sur le terrain à discuter du fait que la COVID-19 semblait de plus en plus préoccupante et ils faisaient remarquer que ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il faille prendre des décisions difficiles concernant l’entraînement et les Jeux olympiques.
« C’était intimidant de penser aux effets à court terme et à long terme pour l’équipe, a souligné Purvis. Ça ne m’avait pas traversé l’esprit mais cette petite séance individuelle [en mars] allait être notre dernière durant quatre mois et aussi notre dernière avec Paul Bundy comme entraîneur-chef… Ces moments-là ont été mentalement épuisants pour tout le monde au sein du programme. »
Alors que rien n’était clair concernant le calendrier à venir et les compétitions, comme pour biendes choses dans les différentes sphères de la société d’ailleurs, c’était difficile de trouver le niveau de motivation nécessaire pour jouer, encore moins le maintenir. Après le départ de Paul Bundy au printemps, Purvis, avec l’aide des dévoués membres du personnel de soutien, s’est vu confier la tâche de diriger le programme national masculin dans les mois suivants et jusqu’à l’automne.
Lorsqu’on a enfin donné le feu vert aux entraînements à la mi-juillet, les séances sur terrain ont été limitées à huit personnes par moitié de terrain, qu’on appelait des « capsules ». Les exercices avec contact et le jeu simulé étaient interdits. Le travail était axé sur la base tandis que les arrivées et les départs des joueurs faisaient l’objet – et continuent de l’être – d’un suivi très serré. Oliver Scholfield reste optimiste au sujet d’un retour à la compétition avant Tokyo 2020, dont on a garanti la tenue en 2021, bien qu’il demeure conscient des possibilités que le portrait change d’ici là.
« Nous pouvons seulement travailler sur ce que nous pouvons contrôler, a affirmé Scholfield. Nous avons confiance en ce que tout le monde fait au-dessus de nous pour prioriser notre sécurité et aussi nos succès aux Jeux. Nous nous préparons sans retenue comme si ça allait aller de l’avant, mais l’an prochain, en terme de logistique, ça reste encore à déterminer. »
Sous les ordres du nouvel entraîneur-chef André Henning, les joueurs sont confiants en ce qui les attend. Après un long été rempli d’incertitude, il s’agit d’un soulagement pour tous ceux qui étaient impatients de reprendre l’entraînement et de commencer à bâtir en vue des Jeux olympiques. Il est toutefois important de garder les choses en perspective.
« Il a fallu attendre une année supplémentaire mais en bout de ligne, la pandémie est toujours là et les gens continuent d’en mourir. C’est une situation très grave et il ne faut jamais oublier que les choses ne sont pas nécessairement revenues à la normale et qu’il y a… des choses plus importantes à l’enjeu », a ajouté Scholfield.
Malgré les défis et les contretemps, Hockey sur gazon Canada va de l’avant en toute sécurité avec ses programmes de haute performance. Les préparatifs et la période menant aux Jeux aurontune allure très différente cette année, mais les équipes nationales seniors ont toutes deux des compétitions majeures fermement dans leur mire.